Quel est le réel coût de l’autoédition ?Temps de lecture estimé à 12 minutes

Par les diverses discussions que je suis sur les réseaux sociaux (principalement), je sais que beaucoup d’entre vous, parmi celles et ceux qui n’ont pas encore sauté le pas, se demandent combien coûte réellement l’autoédition.

Certaines personnes confondent encore les différents modes d’édition et conseillent de passer par l’autoédition pour ne pas avoir à payer pour être publié par un éditeur.

À ce titre, j’aimerais rappeler que si vous devez payer votre éditeur, c’est qu’il s’agit d’un compte d’auteur et non d’un compte d’éditeur, et donc qu’il s’agit (9 fois sur 10) d’une arnaque.



D’autres crient à cor à cri que l’autoédition c’est gratuit, qu’il ne suffit que d’écrire son texte et de publier sur KDP et l’affaire est pliée. En toute honnêteté, cette réponse me hérisse le poil tout simplement parce qu’elle sous-entend que l’autoédition n’est pas une affaire qui doit être prise au sérieux. Un peu comme si on ne publiait pas un « vrai livre ». Ce qui signifie que ces personnes passent souvent certaines étapes à la trappe comme le dépôt légal, la correction ou l’illustration de couverture. Sauter ce genre d’étapes participe à la mauvaise réputation de l’autoédition et, si l’on veut vraiment réussir à faire changer les mentalités par rapport à l’autoédition, il est impératif que nous soyons consciencieux et consciencieuses dans notre travail.


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Cependant, je ne peux pas vous donner le coût exact de l’autoédition, tout simplement parce que cela dépendra de vous : de vos compétences, de vos envies, de ce que vous attendez de l’autoédition, etc.

Les limites du tout gratuit

Toutefois, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : il est tout à fait possible d’autoéditer un livre de qualité en ne déboursant rien.

Le problème principal du tout gratuit, c’est le risque d’avoir un rendu amateur qui peut rebuter vos potentiels futurs lecteurs et lectrices. Les trois points qui posent souvent problème sont :

  1. La couverture
  2. La mise en page
  3. Les fautes

Il est important que vous soigniez la couverture de votre livre tout simplement parce qu’il s’agit de la vitrine de votre livre. On a beau dire qu’on ne juge pas un livre à sa couverture, à l’époque actuelle, beaucoup de lecteurs et de lectrices choisissent pourtant leurs prochaines lectures en fonction de l’illustration.
Aussi, ne confiez pas votre couverture à votre neveu de 16 ans qui bidouille de temps en temps sur son Photoshop cracké sans faire preuve d’un minimum d’esprit critique ni sans soumettre la couverture à des personnes qui sont capables de vous donner des avis objectifs. Vous pouvez très bien demander l’avis de votre communauté si vous en avez déjà une ou sur les réseaux sociaux comme des groupes Facebook d’auteurs et d’autrices.
De même, n’oubliez pas que tout travail mérite salaire. Donc si votre meilleure amie est illustratrice professionnelle et qu’elle ne vous propose pas d’elle-même de vous offrir une illustration, par respect pour son travail ne la lui réclamez pas non plus. Réaliser une illustration soignée demande du temps, du travail et un savoir-faire qui mérite d’être rémunéré. Le temps qu’elle passerait à vous faire une couverture gratuitement, c’est du temps qu’elle ne passerait pas à travailler sur un projet rémunéré qui lui permettrait de payer ses factures et remplir son frigo.
Toutefois, il est parfaitement possible de réaliser de très belles couvertures gratuitement et par vous-même avec des logiciels comme Canva ou Gimp, par exemple, et en allant chercher des photos de qualité sur des banques d’images gratuites comme Unsplash ou Pexels.



Quant à la mise en page, il est important de se rappeler qu’il existe des règles de typographie qui doivent être respectées si vous ne voulez pas passer pour un auteur ou une autrice fantoche.
Cela signifie qu’il va vous falloir connaître ces règles, mais aussi maîtriser votre logiciel de mise en page. Et, encore une fois, si vous connaissez une personne capable de s’occuper de la mise en page de votre livre, assurez-vous qu’elle connaisse bien les règles et ne lui réclamez pas une prestation gratuite si c’est son métier.

Et pour finir, la correction. Aussi doué-e que vous le soyez avec la langue française, il y aura toujours des fautes qui vous échapperont tout simplement parce que c’est votre texte, vous le connaissez et, quand vous le lisez, vous anticipez les mots, vous ne les « voyez » plus. Il est donc primordial de le faire corriger par quelqu’un d’autre de compétent. Ne vous contentez pas de l’un de vos proches qui est bon en français (sachez que même les professeur-e-s de français sont loin d’être des correcteurs et correctrices irréprochables). Si vous n’avez pas les moyens de vous payer les services d’un correcteur ou d’une correctrice professionnelle ni même de vous offrir (ou de vous faire offrir) l’indispensable logiciel de correction Antidote, faites au moins relire votre manuscrit par plusieurs personnes excellentes en français. Mais même comme ça, vous n’avez aucune garantie qu’il ne subsistera pas de fautes, la correction est un vrai métier.

Le tout gratuit induit également des limites en plus des contraintes précitées. Si vous souhaitez vraiment ne rien débourser du tout pour vous autoéditer, cela signifie que vous devrez faire une croix sur :

  • la version papier de votre livre : à moins de publier votre livre dans une région du monde où le dépôt légal des livres papier n’est pas obligatoire, vous devrez au moins débourser la somme pour l’achat et l’emballage des exemplaires dédiés au dépôt légal et peut-être même les frais d’envoi (en France, c’est gratuit et de Belgique à Belgique, vous pouvez l’envoyer en port payé par le destinataire) ;
  • vos propres numéros ISBN : depuis cette année, à l’AFNIL, les nouveaux n° ISBN sont payants (25 €). Si vous aviez déjà vos propres segments, les nouvelles listes restent gratuites. Dans d’autres pays, comme les États-Unis, la demande d’ISBN est payante depuis longtemps ;
  • des supports promotionnels comme des marque-pages, des ex-libris, des porte-clés…
  • les publicités Facebook, Twitter et Instagram
  • les salons puisqu’il faut payer les déplacements, la nourriture et l’hébergement, louer le stand, etc.


Le tout gratuit a de réelles limites qu’il est très important de prendre en compte. À vous de savoir ce que vous attendez de l’autoédition : si vous souhaitez simplement offrir vos écrits à un plus large public que votre famille et vos amis, en espérant gagner quelques sous en plus par mois, le tout gratuit est effectivement une solution. En revanche, si vous souhaitez en faire une réelle activité rémunératrice (qu’il s’agisse d’une activité principale comme secondaire), un minimum d’investissement sera nécessaire pour que vous soyez pris-e au sérieux.

Ce qui n’est pas gratuit quand on se lance sérieusement dans l’autoédition

Je vous parlais des personnes qui confondent compte d’auteur et compte d’éditeur, mais d’autres rétorquent que si on paie pour s’autoéditer, ce n’est qu’une autre forme de compte d’auteur. Ce qui n’est pas vrai du tout.

Avec l’autoédition, vous avez le choix des prestations que vous déléguez, ainsi que des prestataires à qui vous les déléguez. Ensuite, votre livre est publié à votre nom et vous restez propriétaire de l’intégralité de vos droits (ce qui n’est pas toujours le cas vu que la plupart des comptes d’auteur sont frauduleux). Vous n’êtes pas non plus tenu-e d’acheter un stock de livres (sauf si vous le faites imprimer par un imprimeur et non par une plateforme d’autoédition). C’est également vous qui fixez le prix de votre livre.
En outre, toutes les démarches administratives vous reviennent.



Pour en revenir à notre sujet principal du coût de l’autoédition, je vous ai dit plus haut que cela dépendait surtout de vous, mais aussi de votre livre, de vos exigences et de vos compétences.

Les quelques tarifs que je vous cite ci-dessous ne sont qu’indicatifs, cela vous permettra simplement de vous faire une idée. Cependant, cela ne remplacera jamais un devis établi par les prestataires auxquels vous souhaitez faire appel.

Voici une liste non exhaustive de ce qui peut vous demander un certain investissement pour l’autoédition de vos livres :

  • La correction : étape indispensable, elle peut néanmoins s’avérer très onéreuse. Il faut compter entre 400 et 800 € (600 à 1200 $ CA), parfois moins ou parfois plus, pour un livre de 50 000 mots. Le tarif va dépendre de vos exigences de corrections (si vous ne souhaitez que des corrections orthographiques et grammaticales ou si vous voulez aussi des conseils sur le style, par exemple), de la quantité de correction à appliquer à votre manuscrit, etc. (Pour rappel, un nombre de pages n’est pas une indication fiable pour la longueur d’un récit tout simplement parce que le nombre de pages dépend de trop de variables : largeur des marges, taille de police, format de la page, interligne, utilisation de la césure, etc.)
  • L’illustration : je ne vous répéterai pas le discours déjà fait plus haut, mais j’insiste sur le fait qu’il est primordial d’avoir une couverture au moins correcte. Si vous faites appel à un ou une professionnelle afin d’avoir une belle couverture, il faut compter au minimum 400 € (600 $ CA). Encore une fois, le tarif dépendra de vos exigences.
  • La mise en page : si vous ne vous sentez pas capable de vous occuper de la mise en page de votre livre, qu’il s’agisse de la mise en page pour un ebook comme pour un livre papier, il existe des prestataires qui peuvent le faire pour vous (à commencer par moi 😉). Les tarifs dépendent d’un prestataire à l’autre et du niveau de personnalisation que vous voulez pour vos livres.
  • Les logiciels : lorsque vous ne souhaitez pas faire appel à des prestataires pour ce qui a été cité plus haut et que vous préférez tout faire par vous-même, il vous faudra tout de même investir dans quelques logiciels afin de faire un travail correct. Toutefois, il est vrai qu’il existe d’excellents programmes gratuits qui rendent un excellent résultat. Je pense, par exemple, à SIGIL qui est un programme de mise en page d’ebook. En revanche, Antidote pour la correction est indispensable (ProLexis est meilleur, mais 3 fois plus cher). S’il y a moyen de mettre en page vos livres papier avec LibreOffice, InDesign reste le meilleur. Gimp a beau être un excellent logiciel de traitement d’image, il n’égale pas Photoshop ou Illustrator. De même, si vous avez besoin de réaliser des cartes, Campaign Cartographer reste un must-have, comme on dit. (N.B. : Se servir de logiciels piratés pour autoéditer vos livres vous expose à de gros risques de poursuites juridiques si les propriétaires des logiciels s’en rendent compte.)
  • Les démarches administratives obligatoires : si la plupart des démarches administratives sont gratuites dans la majorité des pays, il y en a certaines qui sont payantes et d’autres qui demandent des dépenses indirectes. Comme dit plus haut, les ISBN sont devenus payants auprès de l’AFNIL cette année, et la plupart des autres organismes qui distribuent des ISBN font payer également. Il y a également le dépôt légal qui vous demande d’envoyer un ou plusieurs exemplaires de votre livre papier, ce qui induit que vous devez payer ces exemplaires, payer l’emballage et, parfois, les frais d’envoi.
  • La plateforme de publication : si vous choisissez de passer par une plateforme de publication autre que KDP ou Lulu.com, vous devrez payer des frais annuels ou mensuels (sauf chez Books on Demand, où vous ne payez qu’une seule fois) qui peuvent rapidement devenir hors de prix.
  • L’impression : que vous décidiez de passer par un imprimeur classique ou une plateforme d’impression à la demande, vous devrez toujours payer l’impression de vos livres lorsque vous voudrez avoir un stock chez vous.
  • La promotion : Entre les pubs payantes sur les réseaux sociaux, l’impression de supports promotionnels (marque-pages, ex-libris, cartes de visite, pancartes, totebags, porte-clés…), la création d’un site web professionnel, etc. la note peut rapidement monter.
  • Les salons : si vous désirez faire des salons pour rencontrer votre public et vendre vos livres, vous devrez investir des sommes importantes dans la constitution de votre stock de livres à vendre, de vos goodies (si vous en avez), dans le déplacement, le logement, les repas, etc.

Conclusion

Je crois que vous aurez compris pourquoi je ne peux pas vous donner le coût précis de l’autoédition, tout simplement parce que tout cela dépend de vous, de ce que vous aurez envie de faire et de vos exigences vis-à-vis des prestataires.

Aussi lorsque vous vous pencherez sur l’autoédition de vos prochains livres, pensez à faire un plan financier prévisionnel afin de ne pas avoir de mauvaises surprises et de pouvoir organiser vos dépenses pour ne pas vous retrouver au pied du mur à devoir choisir entre l’une ou l’autre chose qui vous semble indispensable.
Faites également correctement le point sur vos compétences : penser être capable de est très loin d’être capable de. Exercez-vous correctement avant de vous lancer dans la conception de votre couverture ou dans la mise en page.

En outre, il y a un autre coût que je ne peux pas aborder dans cet article parce qu’il est difficilement quantifiable, il s’agit du temps. S’autoéditer demande énormément de temps et d’investissement personnel d’abord pour écrire son livre, ensuite pour le façonner, pour le publier et, enfin, pour en faire sa promotion. Ce facteur-là est également à prendre en compte lorsque vous décidez d’autoéditer un livre.

J’espère cet article, certes très long, vous aura tout de même apporté la lumière sur un sujet dont on parle peu, finalement.

Quel est le réel coût de l’autoédition ?

2 avis sur « Quel est le réel coût de l’autoédition ? »

  • 03/11/2019 à 23:32
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    Vous écrivez: « Dans d’autres pays, comme le Canada ou les États-Unis, la demande d’ISBN est payante depuis longtemps  »

    Une simple note: les numéros ISBN sont disponibles gratuitement au Canada (dont le Québec) depuis toujours. Aucun changement n’est envisagé. Merci!

    • 05/11/2019 à 18:20
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      Merci pour la précision ! Je change ça tout de suite !

Commentaires fermés.

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