
Maintenant que votre livre est écrit, corrigé, bêta-lu et peut-être même protégé, il est temps de penser à le publier. Et c’est là que vous vous posez sûrement la question : « Le publier, oui, mais comment ? »
Il existe plusieurs méthodes pour publier un livre. Je vais tenter de vous aider à faire un choix en vous expliquant les différences, les avantages et les inconvénients de chacun des trois modes d’édition les plus courants, à savoir : le compte d’éditeur, le compte d’auteur et l’autoédition.
L’édition à compte d’éditeur
C’est ce qui est couramment appelé une édition classique.
Dans ce cas de figure-ci, l’auteur soumet son manuscrit (avec une jolie lettre d’accompagnement bien sûr !) à une maison d’édition qui l’accepte ou le refuse. Si le manuscrit est accepté, il passe à la seconde étape : le comité de lecture. Là aussi, le manuscrit peut être soit accepté, soit refusé. S’il est accepté, la maison d’édition propose à l’auteur de signer un contrat d’édition.
Par ce contrat, l’auteur cède ses droits sur son œuvre (c’est à dire que l’auteur ne pourra faire ce qu’il veut avec son roman), en contrepartie, l’éditeur s’engage à verser des droits d’auteur (en général de l’ordre de 5 et 15% du prix du livre) à l’auteur ainsi qu’à fabriquer (s’occuper de la mise en page, de l’illustration, des corrections,…), publier (le rendre public par son impression et/ou la mise en ligne de la version ebook) et diffuser (le faire connaître) votre œuvre.
C’est donc l’éditeur qui prend en charge tous les frais liés à la publication, l’auteur n’a rien à payer.
A partir du moment où on vous demande de payer quelque chose (que ce soit des services de correction, d’illustration, d’inscription à des réseaux de référencement, devoir acheter votre propre livre pour que vous deviez le vendre vous-même,…), c’est un compte d’auteur.
Voici deux liens vers des documents qui pourraient vous être utiles :
- Le contrat d’édition : comprendre ses droits, contrôler ses comptes : il s’agit d’un document mis en ligne par le SNAC (Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs) qui informent les auteurs débutants (ceux qui sont édités pour la première fois) des droits et obligations des auteurs et des éditeurs, mais aussi des pièges du monde de l’édition.
- Dix recommandations aux auteurs pour des relations juridiques plus équilibrées avec les éditeurs : toujours un document mis en ligne par le SNAC, il s’agit d’un document qui donnent 10 conseils pour être mieux préparé lorsqu’on fait son entrée dans le monde de l’édition en tant qu’auteur débutant.
L’édition à compte d’auteur
C’est ce qui est couramment appelé une « arnaque notoire » puisque que les maisons qui le proposent ne sont pas spécialement des plus honnêtes…
Pour commencer, il faut savoir que l’édition à compte d’auteur n’est pas une édition au sens légal du terme, c’est-à-dire régie par l’article L 132-1 du Code de la Propriété Intellectuelle, mais bien un contrat de louage d’ouvrage régi par l’article L 132-2 du Code de la Propriété Intellectuelle. – Ça fait toujours bien de citer des articles de la Loi dans les dîners de famille.
En somme, cela signifie que l’auteur signe avec un prestataire de services (qui n’a pas le droit de refuser votre manuscrit) un contrat par lequel l’auteur s’engage à rémunérer l’éditeur pour que ce dernier lui fournisse des services éditoriaux (mise en page, corrections, illustrations,…). Dans le cadre de ce contrat, l’auteur garde les droits sur son œuvre, mais il a également la possibilité d’avoir un droit de regard sur ce que le prestataire de services fait avec son œuvre : dans le cas d’un compte d’auteur, l’auteur est un client et, tout le monde le sait, le client est roi. Ce qui inclue également que, en théorie, l’auteur touche 100% du prix de vente de son livre. En pratique c’est rarement le cas, les éditeurs qui pratiquent le compte d’auteur, non seulement vous font payer en amont les frais éditoriaux, mais, en plus, se permettent de prélever un pourcentage sur les ventes de votre livre.
Par contre, avec un contrat de louage d’ouvrage, tous les frais éditoriaux, de publication et de diffusion sont à payer par l’auteur et cela représente souvent des sommes colossales de l’ordre de 2000 à 3000€. En outre, en général, dans ce cas-ci, l’auteur doit passer par un imprimeur et acheter son propre livre en grande quantité pour le revendre lui-même puisque la publication et la diffusion est à effectuer par l’auteur.
Voici une liste de certains « éditeurs » qui pratiquent un compte d’auteur frauduleux : liste-editeurs-arnaqueurs.
Faites bien attention lorsque vous vous apprêterez à signer un contrat ! Je vous publierai prochainement un article pour vous aider à flairer les arnaques éditoriales.
L’autoédition
Dans le cadre de l’autoédition, l’auteur s’occupe de tout lui-même. Bien entendu, il peut faire appel à des services (illustrateur, correcteur, maquettiste,…), mais il peut choisir avec qui il travaille (il n’a pas besoin d’avoir un « pack » de services comme c’est le cas pour le compte d’auteur) et le budget qu’il alloue à chaque service. Il reste le seul maître à bord : il garde tous ses droits sur son œuvre, il décide de tout, il doit s’occuper lui-même de sa promotion,…
Je vous avoue qu’il faut être un brin débrouillard pour y arriver correctement, mais avec les différents conseils qu’on peut trouver sur internet et avec des amis débrouillards, il y a moyen de bien s’en sortir aisément.
Il existe également différents services honnêtes d’aide à l’autoédition comme Books on Demand.
En général, l’auteur autoédité passe principalement par la filière numérique, qui reste le principal créneau de vente des auteurs autoédités, mais il arrive qu’il propose également un format papier de son livre. Dans ce deuxième cas, il préfèrera passer passer par un service d’impression à la demande plutôt que par un imprimeur. D’une part parce qu’il n’y aura pas de nombre minimum d’impressions à commander (c’est-à-dire qu’il n’y aura pas 100 exemplaires [minimum] à payer d’avance et à stocker chez vous) et, d’autre part, parce que ce système permet de vendre plus facilement sur des plateformes internet telles qu’Amazon, Fanc.com, Cultura.com, etc. Certains libraires acceptent également de vendre des livres en dépôt-vente.
Une dernière remarque : être autoédité-e n’empêche pas d’être, un jour, édité-e à compte d’éditeur.
À lire aussi : Qu’est-ce que l’autoédition ?
Tableau récapitulatif
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Cher lecteur, chère lectrice, j’espère que cet article vous sera utile.
Savez-vous déjà vers quel mode d’édition vous comptez vous diriger ?
Super article
L’autoédition c’est la liberté !
Cet article est très édifiant. Il m’a permis d’échapper aux éditeurs-arnaqueurs. Merci.
A lire, c’est simple, precis et peut servir de reference Syndicat national des auteurs et compositeurs https://www.snac.fr/pdf/cpe-snac-comptes.pdf
Quelques textes de loi
L’édition à compte d’auteur ou à demi ne constitue pas un contrat d’édition.
Au regard de l’article L. 132-2. du code de la propriété intellectuelle :
Ne constitue pas un contrat d’édition, au sens de l’article L. 132-1, le contrat dit à compte d’auteur.
Par un tel contrat, l’auteur ou ses ayants droit versent à l’éditeur une rémunération convenue, à charge par ce dernier de fabriquer en nombre, dans la forme et suivant les modes d’expression déterminés au contrat, des exemplaires de l’œuvre et d’en assurer la publication et la diffusion.
Ce contrat constitue un louage d’ouvrage régi par la convention, les usages et les dispositions des articles 1787 et suivants du code civil.
Au regard de l’article L. 132-3. du code de la propriété intellectuelle :
Ne constitue pas un contrat d’édition, au sens de l’article L. 132-1, le contrat dit de compte à demi.
Par un tel contrat, l’auteur ou ses ayants droit chargent un éditeur de fabriquer, à ses frais et en nombre, des exemplaires de l’œuvre, dans la forme et suivant les modes d’expression déterminés au contrat, et d’en assurer la publication et la diffusion, moyennant l’engagement réciproquement contracté de partager les bénéfices et les pertes d’exploitation, dans la proportion prévue.
Ce contrat constitue une société en participation. Il est régi, sous réserve des dispositions prévues aux articles 1871 et suivants du code civil, par la convention et les usages.
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En lisant les divers documents je me pose une question : peut-on séparer le contrat d’édition papier du contrat d’édition numérique ? Parce que s’il est plus simple de passer par un contrat d’édition à compte d’auteur pour la version papier, il est plus rentable de produire la version numérique soi-même (ne serait-ce que pour avoir son mot à dire sur la couverture, le synopsis, pourquoi pas rajouter des passages supprimés par l’éditeur)…
Selon la loi, il est obligatoire de séparer les contrats de versions (papier, numériques, audio, cinématographiques…). Un éditeur (à compte d’éditeur ou à compte d’auteur) n’a, normalement, pas le droit de demander tous les droits en un seul contrat.
Ensuite, je crois que vous confondez compte d’auteur et compte d’éditeur : le compte d’auteur, c’est quand l’auteur paie pour être édité alors que le compte d’éditeur, c’est l’éditeur qui paie et l’auteur ne débourse rien.
Mais, effectivement, c’est une pratique de plus en plus courante de vendre ses droits papier à un éditeur et de conserver ses autres droits (numérique, audio, cinématographiques…) afin d’autopublier son livre en ebook.
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