La longueur d’un récit


Comme vous avez pu le constater vendredi dernier avec les résultats du sondage, les conseils éditoriaux font partie du top 5 des sujets que vous voulez voir sur mon blog. De ce fait, j’ai décidé d’ouvrir un nouveau chapitre : le monde de l’édition !

Je l’inaugure donc avec cette question : votre récit est-il vraiment un roman ?

J’en vois plusieurs faire des yeux ronds devant leur écran. Vous vous dites sûrement que je n’ai plus toutes mes frites dans le même cornet. Je m’explique : dans ce cas-ci, je ne parle pas de roman au sens littéraire du terme (une histoire), mais bien au sens éditorial.
Vous avez sûrement croisé sur internet, à de nombreuses reprises, des termes tels que “nouvelle“, “novella” ou encore “twittérature”. Mais à quoi tous ces termes correspondent-ils vraiment ?

Ils correspondent à un langage utilisé par les éditeurs pour qualifier la longueur d’un récit.

Quel est l’intérêt de connaître la longueur de son récit ?

Me demanderez-vous.

En tant qu’auteur, c’est intéressant de le savoir d’une part pour pouvoir mieux cibler les maisons d’édition à qui envoyer votre histoire, puisque certaines n’acceptent pas les “très longs romans” ou “les nouvelles”, par exemple. C’est bien beau de lire ça sur leur page dédiée à la soumission des manuscrits, mais, au final, ça ne nous dit pas clairement quel est le nombre minimum ou maximum que doit compter notre roman.
Connaître la “catégorie de longueur” de notre histoire nous permet également de mieux définir notre public-cible : sont-ce les lecteurs de romans courts ou, au contraire, les livre-addicts qui avalent des pavés en une après-midi ?

C’est aussi très intéressant de le savoir dans le cas d’une série de livres. Il est important d’avoir un nombre constant de mots afin de ne pas se retrouver avec tomes de tailles inégales. Par exemple : un premier tome qui fait 150 000 mots et les deux suivants qui n’en font que 30 000. Bien évidemment, nous ne sommes pas à 10 000 mots près, avoir un tome un peu plus court ou un peu plus long que les autres, ce n’est pas grave.

Pour l’éditeur, ça permettra d’évaluer plus aisément le prix du livre. Une nouvelle ne sera pas publiée au même format qu’un très long roman ni ne comptera le même nombre de pages et cela influencera le prix de vente de l’ouvrage.

Pourquoi en nombre de mots et non en nombre de pages ?

C’est une question que j’ai fréquemment croisée.

L’avantage de compter en nombre de mots est que c’est un nombre fixe. Alors que le nombre de page ne l’est pas. La mise en page d’un livre demande de faire attention à plusieurs critères :

  • le format (format poche, grand format, belle édition,…)
  • la taille des marges
  • la taille de la police
  • l’interlignage
  • l’interlettrage

Tout ces facteurs peuvent influencer considérablement le nombre de page d’un livre, mais ne changeront jamais le nombre de mots d’un texte.

Le nombre de mots est donc un repère fixe et fiable pour estimer la catégorie de longueur d’un récit et, en partant de là, le prix du texte imprimé.

Vous entendrez ou avez déjà entendu parlé du “nombre de caractères/signes espaces comprises” (en typographe, le blanc qui sépare deux mots se nomme “une espace”, au féminin, et non “un espace”) ou “sec” ou “cec”. On peut également compter son roman en “cec” ou “sec”, mais le nombre est beaucoup plus grand que celui des mots, puisqu’il compte les caractères, c’est-à-dire les lettres, les espaces, la ponctuation…

Nota Bene :

L’éditrice Hélène Jacobs des Éditions Hélène Jacobs estime le rapport moyen entre le nombre de mots et le nombre de caractères à 6 pour le français. C’est-à-dire que pour estimer un nombre de mots à partir d’un nombre de caractères, il faut diviser par 6 et inversement. Ce qui est assez bien concordant pour moi : j’arrive à un rapport de 5,79 avec mon roman en cours.

Les différentes catégories de longueur

Il est important de noter que les chiffres donnés plus bas ne sont aucunement des normes, mais des estimations avec lesquelles beaucoup d’éditeurs français travaillent, mais pas tous. Ensuite, autre point important, ils ne travaillent pas tous avec ce système de catégorisation qui est, à l’origine, un système anglais. Le système dit “traditionnel” chez nous (en France, Belgique, Suisse, Luxembourg) est encore très utilisé et ne comprend que les catégories “nouvelle”, “roman court” et “roman”.

La nouvelle

La nouvelle est un récit (moins de 15 000 mots) centrée sur un seul événement, comptant un nombre très restreint de personnages dont la psychologie n’est développée qu’autour du fait évoqué. La nouvelle se distingue de la fable par l’absence de morale.
Au XIXe siècle, la nouvelle était la forme favorite des récits policiers, fantastiques et science-fictionnels.

La novella

La novella est un récit de fiction court compris entre la nouvelle et le roman court. Comme la nouvelle, la novella ne développe pas d’intrigue longue, ni ne compte beaucoup de personnages.

Le roman court

Le roman court est un récit fictionnel plus court que le roman, mais plus long que la novella. Il traite de sujet plus approfondi que la nouvelle et la novella mais les développe moins que le roman.

Le roman

Le roman est un récit de fiction mettant en scène des personnages imaginaires engagés dans des aventures inventées, parfois présentées comme réelles.

Le long roman

Le long roman est un récit de fiction mettant toujours en scène des personnages imaginaires en approfondissant les sentiments, les descriptions,…

Le très long roman

Le très long roman est un long roman avec encore plus de mots.

Les autres

  • La twittérature : petit texte à caractère littéraire qui ne dépasse pas 140 caractères.
  • La micronouvelle : récit de fiction, parfois caustique, rédigé en un nombre extrêmement restreint de mots.

Tableau récapitulatif

Nombre de motsNombre de caractères
espaces comprises (cec)
Catégorie du livre
 140Twittérature
 < 1000Micronouvelle
Entre 150 et 15 000Entre 1000 et 90 000Nouvelle
Entre 15 000 et 30 000Entre 90 000 et 180 000Novella
Entre 30 000 et 50 000Entre 180 000 et 300 000Roman court
Entre 50 000 et 80 000Entre 300 000 et 480 000Roman
Entre 80 000 et 110 000Entre 480 000 et 660 000Long roman
> 110 000> 660 000Très long roman

Voici un pdf téléchargeable pour que vous puissiez toujours avoir ce petit tableau récapitulatif avec vous : Tableau récapitulatif des catégories de longueur des récits.

J’espère que cet article vous a plu et inaugure de belle façon ce nouveau chapitre du blog. N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

Dans quelle catégorie rentre votre histoire ? 🙂

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